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EN BREF
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Un accord historique pour établir une taxe carbone mondiale sur le transport maritime a échoué lors d’une réunion de l’Organisation maritime internationale (OMI) en raison de l’opposition des États-Unis et d’autres pays producteurs de pétrole. Le projet, qui visait à réduire les émissions de tous les gros navires de 17 % d’ici 2028, a été reporté à 2026 après quatre jours de négociations tendues. Ce cadre, appelé Net-Zero Framework, aurait introduit des normes de carburant mondiales et un système de tarification du carbone pour responsabiliser le secteur maritime, qui représente environ 3 % des émissions mondiales. La décision a suscité des critiques acerbes de la part des groupes environnementaux, qui signalent un retard significatif dans la lutte contre le changement climatique.
La première taxe carbone mondiale sur le transport maritime fait naufrage face à l’opposition des États-Unis
En un tournant crucial pour le secteur maritime, la proposition d’une taxe carbone mondiale a rencontré une vive opposition, notamment de la part des États-Unis. Ce projet visait à instaurer un cadre juridique contraignant pour réduire les émissions de carbone dans le transport maritime, une des industries les plus polluantes de la planète. Malgré l’importance de cette mesure qui aurait pu réduire les émissions de 17 % d’ici 2028, les négociations à l’Organisation Maritime Internationale (OMI) ont abouti à un report significatif de la décision jusqu’en 2026. Ce retard suscite des inquiétudes parmi les défenseurs de l’environnement qui craignent de voir une occasion en or pour réguler cette industrie se perdre.
Un projet ambitieux pour des résultats significatifs
La proposition de la taxe carbone s’inscrivait dans un cadre plus large de l’OMI, désigné sous le nom de Net-Zero Framework. Ce cadre visait à rendre compte de l’empreinte carbone du secteur maritime, qui à lui seul représente environ 3 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, soit près d’un milliard de tonnes de dioxyde de carbone par an. L’introduction d’une norme de carburant mondiale et d’un système de tarification du carbone aurait forcé les entreprises à réduire leurs émissions ou à payer des frais, incitant ainsi à l’innovation et à l’utilisation de sources d’énergie plus propres.
Sur le long terme, si ce cadre avait été accepté, il aurait pu transformer l’industrie maritime en la première au monde à adopter une tarification du carbone juridiquement contraignante. Des études ont estimé que ce cadre pouvait potentiellement éliminer jusqu’à un milliard de tonnes de carbone chaque année d’ici 2050, contribuant ainsi à lutter contre le changement climatique de manière significative.
Le climat politique et les stratégies d’opposition
Le climat politique lors des négociations a été tendu, la réunion de l’OMI ayant été marquée par des divergences profondes. Bien que 49 États aient souhaité continuer les discussions, 57 autres ont voté pour ajourner les négociations d’un an. Les États-Unis, sous la direction du président Donald Trump, ont mené une campagne active pour bloquer l’approbation de la taxe, la qualifiant de « taxe verte mondiale » qui nuirait à l’économie.
Les États-Unis n’étaient pas seuls dans cette démarche. D’autres pays producteurs de pétrole comme l’Arabie Saoudite et la Russie ont également soutenu le blocage des propositions. La rhétorique utilisée pendant la réunion rappelait les débats similaires lors de la COP29, où des tensions similaires étaient apparues en raison de l’absence de consensus. Cependant, contrairement à la COP, où un accord sur le financement climatique a été atteint, les pourparlers de l’OMI ont échoué à atteindre un compromis.
L’effet du blocage sur l’environnement
La décision de retarder le vote a été accueillie avec joie par certains leaders aux États-Unis, mais a également suscité de fortes critiques parmi les défenseurs de l’environnement. Delaine McCullough, directrice du programme maritime chez Ocean Conservancy, a qualifié cet échec de « revers majeur pour les personnes et la planète ». Selon elle, le manque d’accord aurait conduit à des émissions de carbone plus élevées et à des menaces accrues pour les vies humaines et la biodiversité marine.
De plus, avec des projections indiquant que le secteur maritime pourrait représenter jusqu’à 17 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050, ce retard complique la situation pour l’industrie qui doit respecter ses objectifs climatiques pour 2030 et 2050. Chaque année qui passe sans action ne se limite pas à un changement de politique, mais contribue à la stagnation des infrastructures polluantes qui perdureront pendant des décennies.
Les implications de l’ajournement
Le report de cette mesure signifie que des défis sérieux pour atteindre les objectifs de décarbonisation convenus sont à prévoir. Jesse Fahnestock, directeur de la décarbonisation au Forum Maritime Mondial, a affirmé que cet ajournement d’un an est « un malheureux revers », mais pas la fin du processus. Cela met cependant en péril les délais cruciaux prévus dans le Net-Zero Framework convenu en avril, rendant l’atteinte des objectifs de décarbonisation encore plus difficile.
Dans un contexte où l’OMI doit se réunir à nouveau en octobre 2026, les implications de ce retard ne se limitent pas à des délais. Elles affectent également la manière dont l’industrie maritime va gérer ses émissions de carbone et appliquer les futures mesures nécessaires pour un avenir durable.
Les réactions et l’espoir d’un futur durable
Des groupes environnementaux ont réagi vivement à ce blocage, décrivant la décision comme « une honte ». Cependant, le secrétaire général de l’OMI, Arsenio Dominguez, a appelé à la patience, soulignant que les discussions se poursuivraient dans l’avenir. Même dans ce climat d’incertitude, des experts estiment qu’il y a encore une possibilité de réformer le secteur maritime vers un chemin zéro émission.
En avril prochain, l’OMI continuera de revoir l’Indicatif d’Intensité Carbone (CII), conçu pour améliorer l’efficacité opérationnelle des navires. L’objectif est de rendre cet indicatif plus strict afin d’aligner les démarches avec le but de diminuer les émissions de 30 % d’ici 2030. McCullough souligne que « renforcer le CII est absolument essentiel pour des réductions d’émissions immédiates » et aussi pour atteindre les objectifs 2030 de l’OMI.
Les défis à surmonter pour un changement significatif
Évidemment, ce scénario n’est pas sans défis. L’industrie maritime doit naviguer vers une transition nécessaire, mais cela nécessite un changement de mentalité et des investissements dans de nouvelles technologies qui peuvent réduire l’empreinte carbone. La résistance d’États comme les États-Unis suggère que cette transition va au-delà des questions techniques, entra deux enjeux politiques et économiques complexes.
Des exemples de mesures efficaces dans d’autres industries, comme l’évolution vers des systèmes de logistique verte, pourraient servir de modèle pour inspirer des solutions innovantes dans le secteur maritime. Les entreprises de transport maritime doivent envisager des alternatives durables et renforcer leur engagement envers un avenir plus respectueux de l’environnement pour éviter d’être laissées à la traîne alors que les préoccupations climatiques continuent de croître.
Perspectives pour un avenir post-ajournement
Alors que le report des négociations peut sembler décourageant, il pourrait également créer un moment de réflexion et d’innovation. Les parties prenantes, y compris les gouvernements, les organismes de réglementation et les entreprises, doivent s’unir pour créer des solutions viables. La création de réseaux de transport maritime durable et les campagnes de sensibilisation sur l’importance de réduire les émissions sont cruciales au futur.
Ce type d’engagement pourrait aussi inciter d’autres nations à entrer dans la danse en soutenant des initiatives qu’elles considèrent comme bénéfiques pour leur propre économie et pour un développement durable à l’échelle mondiale. Comme l’a mentionné McCullough, même si le blocage actuel est un triste révélateur des luttes politiques sur la scène internationale, les objectifs d’une industrie maritime durable restent atteignables.
En attendant la reprise des discussions en 2026, il est essentiel pour toutes les parties de continuer à explorer des solutions qui permettraient de rendre le secteur maritime plus responsable et respectueux de l’environnement. Pour de nombreux défenseurs de l’environnement, le rêve d’une industrie maritime qui navigate vers un avenir plus durable demeure plus pertinent que jamais.

Témoignages sur l’échec historique de la taxe carbone mondiale sur le transport maritime
Dans un contexte international où l’urgence climatique est plus pressante que jamais, la décision de ne pas adopter la taxe carbone mondiale sur le transport maritime a suscité de vives réactions. Delaine McCullough, directrice des programmes maritimes chez Ocean Conservancy, a qualifié cet échec de « retour en arrière majeur pour l’humanité et la planète ». Elle a exprimé que « l’accord aurait permis de réduire les émissions de carbone et de sauver des vies ». Pour elle, l’absence de cet accord rend le monde « plus pollué et plus dangereux pour les humains, les animaux sauvages et les océans ».
Anaïs Rios, officière senior en politique maritime auprès de l’organisation Seas at Risk, a décrit les négociations comme étant « remplies d’émotions », où les alliances initialement prometteuses se sont fissurées. Selon elle, « peu s’attendaient à une telle décision de report, mais nous en sommes là. La planète et l’avenir du transport maritime n’ont pas de temps à perdre ».
Du côté des États-Unis, le président de l’époque, Donald Trump, n’a pas caché son opposition à cette initiative, la caractérisant de « scam fiscal mondial pour le transport maritime ». Ses déclarations ont été renforcées par son secrétaire d’État, Marco Rubio, qui a salué la décision comme une « énorme victoire » pour la Maison Blanche, la présentant comme un moyen de protéger les consommateurs d’une « augmentation massive des taxes orchestrée par l’ONU ».
Les voix des défenseurs de l’environnement se font de plus en plus entendre face à la montée en puissance des opérateurs pétroliers, qui ont été cités comme ayant utilisé des « tactiques de retardement » lors des négociations. Le sentiment général parmi ces groupes est que ce report constitue un affront aux efforts pour diminuer les émissions mondiales de gaz à effet de serre, car le secteur maritime représente déjà environ 3 % de ces émissions.
Jesse Fahnestock, directeur de la décarbonation au sein du Global Maritime Forum, a exprimé son désarroi face au report d’un an, décrivant cela comme « un revers décevant pour le transport maritime ». À son avis, cette interruption complique la réalisation des objectifs fixés dans le cadre Net-Zero convenu plus tôt dans l’année. Il reconnaît que cet échec pourrait avoir des répercussions durables sur les infrastructures polluantes et les innovations nécessaires pour transformer le secteur vers un avenir plus durable.
