EN BREF
|
Le CNRS s’engage à réduire son empreinte environnementale, en mettant en œuvre diverses initiatives visant à minimiser l’impact écologique de ses achats. Un premier bilan des émissions de gaz à effet de serre a révélé que 85 % de celles-ci proviennent des achats, nécessitant une attention particulière. En réponse, le CNRS a élaboré un schéma directeur pour le développement durable, incitant à favoriser les acquêts d’occasion et la réparation, plutôt que les nouveaux équipements. À travers un arbre de décisions développé par l’Institut Pierre-Simon Laplace, les prescripteurs sont encouragés à réfléchir sur chaque achat. De plus, l’établissement intègre des critères environnementaux dans ses marchés publics et a mis en place une nouvelle unité d’appui visant à quantifier l’impact environnemental des achats à l’aide de l’analyse du cycle de vie. Ces mesures visent à équilibrer la qualité de la recherche scientifique tout en réduisant les émissions de carbone.
Le CNRS, acteur majeur de la recherche en France, est conscient des défis environnementaux auxquels il fait face, notamment en ce qui concerne ses achats. En effet, ces derniers représentent une part significative des émissions de gaz à effet de serre et il est impératif d’agir pour réduire cet impact. Cet article explore les initiatives mises en place par le CNRS pour minimiser son empreinte écologique, tout en maintenant un haut niveau de qualité scientifique dans ses recherches.
La sensibilisation des prescripteurs d’achat
Un des premiers leviers d’action du CNRS est la sensibilisation des prescripteurs d’achat en laboratoire. Avec l’objectif de réduire l’impact environnemental, cette mesure implique un changement de culture au sein des institutions de recherche. Le CNRS a développé des outils pédagogique, comme un arbre de décisions spécifiquement dédié aux achats, où peu d’options conduisent à un achat neuf. Les alternatives, telles que l’achat d’occasion, la réparation ou le réemploi, sont encouragées, permettant ainsi d’optimiser les ressources et de diminuer l’empreinte carbone.
Le rôle de l’Institut Pierre-Simon Laplace
L’Institut Pierre-Simon Laplace (IPSL) a été un précurseur en matière de sensibilisation des chercheurs concernant l’achat responsable. En mettant en place cet arbre de décisions, l’IPSL a réussi à modifier les comportements d’achat, en soulignant l’importance d’examiner l’impact environnemental de chaque décision. Le retour d’expérience de l’IPSL a été précieux et a conduit à une approche plus systématique au sein du CNRS.
La prolongation de la durée de vie des équipements
Un autre aspect essentiel pour minimiser l’impact écologique des achats réside dans la prolongation de la durée de vie des équipements scientifiques. Réparer et maintenir les équipements plutôt que de les remplacer systématiquement est une stratégie clé. Cela contribue non seulement à réduire les émissions de gaz à effet de serre liées à la fabrication de nouveaux équipements, mais également à maîtriser les coûts associés à leurs acquisitions.
L’importance de la maintenance
La conservation des équipements existants est souvent plus rentable sur le long terme. Le CNRS exhorte ainsi les laboratoires à allouer une partie de leur budget à la maintenance et à l’acquisition de pièces détachées, afin de retarder le remplacement des appareils fonctionnels. Cette approche permet une gestion plus durable des ressources et s’inscrit dans une logique d’économie circulaire.
Intégration de critères environnementaux dans les marchés publics
Depuis mai 2023, le CNRS a introduit des critères environnementaux dans tous ses marchés publics. Cela témoigne de la volonté de l’établissement de se conformer aux attentes de durabilité anticipées par la réglementation publique. L’intégration de ces critères a été facilitée par la création d’un espace collaboratif où les acheteurs peuvent partager des bonnes pratiques et des outils adaptés à leurs besoins spécifiques.
Un guide pour les acheteurs
Ce nouvel espace collaboratif se veut un véritable ressource pour les acheteurs, leur offrant accès à des clauses environnementales, des référentiels et des guides pratiques. Cela vise à harmoniser les achats au sein des différentes délégations régionales et permet d’accélérer la mise en œuvre d’achats responsables, en veillant à ce que chaque étape du cycle d’achat, de l’écoconception à la gestion des déchets, soit optimisée.
Évaluation de l’impact environnemental des achats
Le CNRS s’engage également dans une évaluation précise de l’impact environnemental de ses achats. Cela passe par l’analyse du cycle de vie (ACV), un outil qui calcule l’empreinte écologique des produits, de l’extraction des ressources à la gestion des déchets. Cette méthode d’évaluation permet non seulement de mieux comprendre les impacts environnementaux, mais aussi de restructurer les chaînes de production pour améliorer la durabilité.
Création d’une unité d’appui et de recherche
Dans cette optique, le CNRS Ingénierie a mis en place une unité d’appui et de recherche dédiée à l’ACV, dénommée Utopii. Son objectif est de formaliser une méthode d’évaluation multicritères des projets de recherche en intégrant non seulement les achats, mais aussi leurs impacts potentiels. Cette initiative est un pas important vers une démarche plus responsable dans la recherche scientifique.
Collaboration avec d’autres institutions
Le CNRS collabore étroitement avec d’autres organismes de recherche, comme l’Inserm et l’Inrae, pour favoriser des dispositifs d’incitation à la sobriété. Ces partenariats ont pour but de promouvoir des alternatives aux achats neufs et d’encourager le réemploi d’équipements dans les projets de recherche. Ces collaborations témoignent d’une prise de conscience collective et d’un engagement vers une transition écologique plus marquée dans le secteur de la recherche.
Démarches concertées pour la sobriété
Les initiatives soutenues par les agences de recherche comme l’ANR visent également à inclure un volet environnemental dans l’évaluation des projets de recherche. En favorisant des pratiques de mutualisation des équipements et d’innovation écologique, le CNRS contribue à la mise en place d’un écosystème de recherche plus durable.
Un schéma directeur pour le développement durable
Finalement, le CNRS a publié début 2025 son premier schéma directeur développement durable et responsabilité sociétale (DD&RS). Ce document stratégique appelle à une priorisation des actions de maîtrise sur les segments d’achats les plus impactants. Par cette initiative, le CNRS montre son engagement à prendre des mesures significatives pour réduire son empreinte écologique tout en préservant la qualité de ses recherches.
Priorisation des actions
Ce schéma directeur sert de guide pour tous les acteurs engagés dans les processus d’achat au sein du CNRS et promeut des actions concrètes en faveur de l’écologie. L’objectif est de rendre la recherche française plus durable et de répondre aux attentes sociétales croissantes en matière d’émissions de gaz à effet de serre et de protection de l’environnement.
Les initiatives du CNRS pour minimiser l’impact écologique de ses achats reflètent une volonté forte d’agir en faveur de l’environnement tout en maintenant des standards élevés en matière de recherche. Grâce à la sensibilisation, l’évaluation continue et les collaborations, le CNRS s’engage à devenir un modèle en matière d’achats responsables dans le secteur de la recherche scientifique.

« La sensibilisation à l’environnement est essentielle. » En tant que chargée de mission à l’Institut Pierre-Simon Laplace, Stéphanie Boniface souligne l’importance d’un arbre de décisions sur les achats. Cette initiative incite les chercheurs à réfléchir sérieusement à leurs choix. « Au lieu de automatiquement choisir un équipement neuf, nous donnons la priorité à l’achat d’occasion ou à la réparation, ce qui a un réel impact sur notre empreinte carbone », ajoute-t-elle.
« Chaque acte d’achat a une conséquence. » Sébastien Turci, à la tête de la direction déléguée aux achats et à l’innovation (DDAI), insiste sur le fait que la phase de fabrication des instruments scientifiques est à l’origine de la majorité de leurs émissions de gaz à effet de serre. « Prolonger la durée de vie des équipements en investissant dans la maintenance est non seulement bénéfique pour l’environnement, mais cela permet aussi aux laboratoires de mieux gérer leurs budgets », explique-t-il.
« Les achats responsables doivent être une norme. » Aurore Debono, chargée d’études à la DDAI, témoigne des efforts pour intégrer des critères environnementaux dans toutes les procédures d’achats. « Notre plateforme collaborative permet aux acheteurs de partager des meilleures pratiques et d’accéder à des clauses environnementales spécifiques. Cette approche collective est cruciale pour rendre l’achat responsable plus accessible », déclare-t-elle.
« L’analyse du cycle de vie est incontournable. » Myriam Saadé, responsable de l’unité d’appui et de recherche dédiée à l’ACV, met en lumière l’importance de mesurer l’impact environnemental des achats. « En intégrant une méthode multicritères d’évaluation, nous pouvons approfondir notre compréhension des conséquences de nos achats sur l’environnement. Cela ne sera pas contraignant, mais cela incitera à repenser notre production et consommation », affirme-t-elle avec conviction.
« Nous pouvons allier qualité scientifique et responsabilité écologique. » Stéphane Guillot, délégué scientifique au développement durable, partage son optimisme. « Le défi consiste à équilibrer la réduction de nos émissions de carbone tout en maintenant des recherches de haute qualité. Les initiatives que nous mettons en place démontrent qu il est possible de mener une recherche respectueuse de l’environnement. »