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EN BREF
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La grande distribution se mobilise pour obtenir une transparence accrue concernant l’empreinte carbone des produits. À travers la plateforme LESS (low emission sustainable sourcing), lancée en novembre 2025, les entreprises cherchent à adresser le scope 3 de leur bilan carbone, qui représente 96% de leurs émissions. Les 9 enseignes fondatrices, représentant près de 95% de la grande distribution alimentaire, souhaitent collecter des données fiables pour mieux collaborer avec leur chaîne d’approvisionnement. Bien que des obstacles subsistent, des initiatives sont prises pour intégrer davantage de fournisseurs à ce processus de décarbonation.
La grande distribution et l’enjeu de la transparence de l’empreinte carbone
Dans un monde de plus en plus conscient des enjeux environnementaux, la grande distribution se tourne vers une plus grande transparence concernant l’empreinte carbone de ses produits. La mise en place de la plateforme LESS, initiée par la Fédération du commerce et de la distribution (FCD) et Periphem, vise à décoder les données carbone de la chaîne d’approvisionnement. Ce projet ambitieux a pour but de réduire l’impact environnemental de la grande distribution en visant pleinement le scope 3, qui représente une majeure partie des émissions de gaz à effet de serre. En explorant les différentes dimensions de cette initiative, nous mettrons en lumière les motivations des grandes enseignes, les défis techniques rencontrés et les implications à long terme pour l’industrie.
Le contexte de la grande distribution face au changement climatique
La grande distribution occupe une position clé dans l’économie moderne et joue un rôle central dans la durabilité environnementale. Avec une part significative des émissions de carbone liées à leur activité, les enseignes prennent conscience de leur responsabilité dans le combat contre le changement climatique. L’externalisation croissante des processus, notamment l’approvisionnement, a accru la complexité du calcul de l’empreinte carbone des produits. Selon une étude de McKinsey, le scope 3, qui englobe toutes les émissions indirectes des enseignes, représente environ 96 % de leur bilan carbone total.
Initiatives de la grande distribution pour une chaîne d’approvisionnement durable
Le lancement de la plateforme LESS représente une avancée significative dans la collecte et le traitement des données carbone. Dans le but d’encourager les acteurs du secteur à collaborer, cette plateforme numérique fournit un cadre commun pour évaluer et partager l’empreinte carbone des produits. L’objectif est de permettre aux fournisseurs, notamment ceux de l’amont agricole, de soumettre des informations précises concernant leur empreinte carbone.
Le rôle des enseignes fondatrices
Les neuf enseignes fondatrices de ce projet, qui contrôlent près de 95 % du marché alimentaire, souhaitent s’attaquer au défi du scope 3. Selon Philippe Joguet, directeur du développement durable à la FCD, une meilleure coopération au sein de la chaîne d’approvisionnement est essentielle. Les données collectées à partir des fournisseurs serviront à établir un cadre transparent et fiable pour les consommateurs et les acteurs du marché.
Les défis de la collecte de données
Malgré la vision ambitieuse de la plateforme, des défis subsistent. L’initiative a initialement cherché à obtenir des données carbone spécifiques par produit. Néanmoins, la maturité des méthodes de calcul dans l’industrie a entravé cette démarche, poussant les responsables du projet à revoir leur approche. « Il n’était pas possible d’accéder à des données précises sur chaque produit, donc nous avons opté pour une collecte des données au niveau de l’entreprise », explique Carole Lejeune de la Coopération Agricole.
L’importance d’un cadre légal et de confidentialité
Pour garantir la conformité et la confidentialité dans le cadre de cette initiative, la plateforme LESS a fait l’objet d’une orientation favorable de la part de l’Autorité de la concurrence. Cela a permis de légitimer les échanges de données tout en protégeant les informations sensibles des entreprises. Grâce à cette approche, Philips Joguet assure que les enseignes n’accéderont aux données que proportionnellement au volume commercial qu’elles contractent avec chaque fournisseur.
Attirer les fournisseurs vers la plateforme
Avec plus de 150 acteurs déjà engagés dans le projet, il reste un long chemin à parcourir pour attirer d’autres fournisseurs. Les grandes enseignes comptent généralement des milliers de partenaires commerciaux, ce qui souligne l’importance de la sensibilisation et de la formation au processus de décarbonation. Les fournisseurs qui n’auraient pas encore de bilan carbone pourront rejoindre la plateforme gratuitement, un incitatif conçu pour favoriser l’adhésion.
Un investissement à long terme
Le projet ne se limite pas à la collecte de données. À terme, il faudra aborder des questions plus larges, comme le partage des coûts liés à la décarbonation parmi tous les acteurs de la chaîne d’approvisionnement. Carole Lejeune évoque une estimation de 800 millions d’euros supplémentaires par an pour réduire de 25 % l’impact carbone de leurs 2000 coopératives. Ce coût doit être pris en compte dans les discussions sur la répartition équitable des efforts nécessaires pour atteindre des objectifs communs.
L’avenir des engagements environnementaux dans la grande distribution
Comme les grandes enseignes continuent à développer leurs engagements, elles doivent établir des dialogues constructifs avec tous les acteurs impliqués. Le Comité des parties prenantes sera chargé de structurer ces discussions et de suivre l’évolution du projet. L’objectif est de parvenir à un consensus solide qui favorisera une transformation en profondeur de la politique environnementale des enseignes, en les incitant à accroître leur transparence.
Les implications pour le consommateur
La transparence accrue sur l’empreinte carbone des produits n’est pas seulement bénéfique pour les entreprises. Elle permet également aux consommateurs de prendre des décisions éclairées sur leurs achats et de favoriser une consommation plus responsable. En initiative ce changement, la grande distribution répond à une demande croissante du public pour des produits durables et écoresponsables.
Éducation des consommateurs
Pour que ce mouvement prenne forme, il est essentiel de sensibiliser les consommateurs. Comprendre l’impact environnemental des produits qu’ils achètent encouragera les clients à faire des choix judicieux, non seulement en matière d’alimentation, mais également en ce qui concerne d’autres catégories de produits. En intégrant ces variables, la grande distribution engage ses clients dans un processus d’achat plus responsable.
Conclusion des perspectives d’avenir
Avec la mise en place de la plateforme LESS, la grande distribution se positionne en leader de la démarche de décarbonation. En favorisant la transparence sur l’empreinte carbone de leurs produits, les enseignes commencent à transformer leur modèle économique pour répondre aux exigences de l’époque moderne. En dépit des défis qui demeurent, cette initiative ouvre la voie à une nouvelle ère pour la consommation responsable au sein de la grande distribution.

Témoignages sur la transparence de l’empreinte carbone dans la grande distribution
« En tant que consommateur, je souhaite vraiment savoir d’où vient mon alimentaire et quel est son impact sur l’environnement. La grande distribution doit être plus transparente sur l’empreinte carbone des produits. Cela m’aiderait à faire des choix éclairés et à soutenir des marques qui prennent au sérieux leurs responsabilités environnementales. »
« Notre entreprise se concentre beaucoup sur la durabilité. Nous croyons fermement que la grande distribution doit jouer un rôle clé en fournissant des informations claires et précises sur l’empreinte carbone des produits. Cela permettra à nos clients de mieux comprendre l’impact de leur consommation. »
« En tant que représentant d’un fournisseur, nous sommes conscients des exigences croissantes en matière de durabilité. La pression pour afficher notre empreinte carbone nous pousse à développer de meilleures pratiques. Nous apprécions l’initiative de la grande distribution qui appelle à une meilleure transparence, car cela bénéfice à tout le monde. »
« J’ai l’impression que les consommateurs s’intéressent de plus en plus à l’impact environnemental de ce qu’ils achètent. Si la grande distribution ne s’engage pas à fournir des informations précises sur l’empreinte carbone des produits, elle risque de perdre la confiance de ses clients. Je pense que c’est une question de responsabilité et d’éthique. »
« En tant qu’enseignant dans une école de commerce, j’essaie d’inculquer à mes étudiants l’importance de la durabilité dans les affaires. Je leur explique que la transparence sur l’empreinte carbone n’est pas seulement une tendance, mais un avenir nécessaire. La grande distribution doit se montrer proactive dans ce domaine pour répondre aux attentes croissantes des consommateurs. »
